Le vide et les natures mortes – Francesc Morera

(De Morandi à Zurbarán tout en passant par Cézanne)

Un voyage hypothétique, envisagé dès la quiétude de Morandi jusqu’à l’austérité de Zurbarán, passe par le non-temps statique du premier et s’arrête dans la simplicité du deuxième, qui escroque la gravité de ses natures mortes avec ses éléments solitaires et espacés. Sans oublier Cézanne qui, à mi-chemin, utilise las “draperies” comme des éléments vertébrateurs dans ses natures mortes. Avec ces éléments on a construit des bagages-absences, en utilisant les “draperies” presque comme des linceuls. Les formes construites de cette manière se comportent tel un plan limite entre el non-être (l’absence) et l’espace, un plan en tension entre le vide et le néant. On décompose ainsi l’objet et sa limite, devenant la limite le réel, et point l’objet. Alors le regard tend à fixer les objets obtenus, dépouillés de tout accident, dans une éternité ancestrale, étrangère à l’histoire et antérieure, comme des animaux blottis, cachés, prêts à sauter sur l’âme du spectateur.

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